Coupe du monde 2022 : les cinq films de football à regarder entre deux matches

Coup de tête, Shaolin Soccer… retour sur cinq films (et un en bonus) à voir sur le football à l’occasion de la Coupe du monde de football 2022.

Ecran Large a sorti ses plus belles écharpes (en vrai, c’est surtout parce qu’il fait froid) et profite de cette occasion exceptionnelle pour parler football dans ses colonnes. Bien que ce sport mondialement populaire ne soit pas réputé pour sa présence dans les salles de cinéma, l’art du ballon rond de Michel Platini et Diego Maradona a eu le droit à quelques chefs-d’œuvre qui ont su dévoiler les facettes de ce magnifique sport collectif.

Avant la finale opposant la France et l’Argentine, et l’affrontement tant attendu entre Lionel Messi et Kylian Mbappé, on s’est dit qu’un petit tour d’horizon du football au cinéma serait plus que jamais approprié. Mieux encore, si vous boycottez cette Coupe du monde de football et que vous êtes fans de foot, mais que le ballon rond vous manque beaucoup, voilà donc une liste de cinq films sur le foot à voir absolument (et un en bonus parce qu’on est généreux). Bien évidemment, un peu comme Didier Deschamps (le sélectionneur de l’équipe de France), il a fallu faire des choix cornéliens.

Vous remarquerez donc de nombreuses absences comme Joue-la comme Beckham, Goal ! Naissance d’un prodigeDidier et certains de vos plus grands chouchous. Ils ne figureront pas dans cette sélection, mais auraient tout à fait eu leur place dans une liste étendue. À présent, l’arbitre a sifflé le coup d’envoi de la rencontre. C’est parti !

 

Ça va cogner !

 

Coup de tête

Sortie : 1979 – Durée : 1h32

 

photo“Second poteau Ecran Laaaaarge !”

 

Le concept ? Patrick Dewaere incarne François Perrin, l’ailier droit de l’équipe de football de Trincamp. Après un nouveau coup de gueule, il est renvoyé de l’équipe et perd par la même occasion, son emploi à l’usine locale. Il est par ailleurs accusé à tort d’un viol et se retrouve donc emprisonné. Néanmoins, l’équipe ne peut pas jouer sans lui la Coupe de France et François se retrouve de nouveau parachuté dans son équipe.

Pourquoi est-il si précieux ? Coup de tête est avant tout une des belles réussites de la carrière de Jean-Jacques Annaud. Pourtant, il n’a pas rencontré le succès escompté en salles avec ce film, à cause notamment du refus de Patrick Dewaere d’en faire la promotion. Avant d’être un film sur ce sport collectif, Coup de tête est d’abord une satire sur la possession des clubs de football par la bourgeoisie provinciale. En effet, le portrait ingénieux de la ville de Trincamp (équivalent de Guingamp, mais tourné à Auxerre) et de ses habitants met en évidence la place prépondérante du football dans les villes industrielles de province.

 

photoLe club d’Ecran Large est prêt pour disputer l’Euro

 

Quand on regarde le film, on a l’impression de voir un tout autre football. Aujourd’hui, les footballeurs sont devenus de véritables athlètes et l’économie de ce sport a beaucoup évolué. Toutefois, le long-métrage met précisément en exergue le début du foot-business et la starification grandissante autour de ces sportifs. Cette présentation rigoureuse de ce monde est principalement due au travail colossal de son réalisateur, mais également grâce aux conseils avisés de l’entraîneur Guy Roux. Célèbre coach de l‘équipe d’Auxerre, il a été d’une aide précieuse pour la mise en situation de certaines actions de football. Sans oublier au passage, l’équipe de l’AJ Auxerre de l’époque qui a grandement participé au réalisme du film.

Enfin, comment ne pas parler de l’interprétation de Patrick Dewaere. L’acteur, surtout reconnu pour ses rôles dans Les Valseuses et dans Série noire, livre ici l’une de ses plus grandes compositions. Accompagné d’excellents seconds rôles, à l’image de Jean Bouise qui obtiendra le César du meilleur second rôle pour le film, Dewaere parvient à être drôle, tout en exprimant avec justesse une immense mélancolie.

 

À mort l’arbitre

Sortie : 1984 – Durée : 1h22

 

photoUne petite bière avant de voir un match

 

Le concept ? L’arbitre Maurice Bruno incarné par Eddy Mitchell siffle un penalty faisant perdre l’équipe locale. De chantages en traque effrénée, l’embrasement collectif, aveugle et meurtrier déferle sur la ville.

Pourquoi est-il effrayant ? Après un début de film au plus proche du rectangle vert, le réalisateur Jean-Pierre Mocky s’en écarte très rapidement pour ensuite faire un thriller rudement efficace. D’une certaine façon, À mort l’arbitre n’est pas tendre avec le football. En effet, à travers ce récit emprunté au roman éponyme de l’écrivain britannique Alfred Draper, le réalisateur d’Un drôle de paroissien et de La grande frousse analyse une France ouvrière qui sombre dans le fanatisme footballistique.

 

photo, Michel SerraultLes plans dingues pour tuer l’arbitre

 

Si ces supporters menés par l’excellent Michel Serrault paraissent, au départ, sympathiques malgré leur vulgarité, ils deviennent au fur et à mesure du film, une matérialisation de la cruauté humaine. À sa manière, Jean Pierre-Mocky réalise son film de zombies pour qui le football est tout et dont aucune réflexion ne peut avoir une influence. Derrière ce portrait sans concession des excès des supporters (masculins particulièrement) allant des insultes au racisme, en passant par l’homophobie et à toutes formes de ressentiments, se cache finalement la détresse d’une population ouvrière abandonnée de tous.

Ces derniers n’ont le droit qu’à une seule expression de joie (et de leur frustration) : le football, occasion pour eux d’être, pour une fois, du côté des vainqueurs. Malgré tout, À mort l‘arbitre n’est pas un portrait méprisant de cette réalité, mais vise simplement à la voir telle qu’elle est. Cette mise en lumière de certains supporters de football de la part du cinéaste français a d’ailleurs connu un certain succès, lors de sa diffusion dans le cadre d’un dossier de l’écran de 1989, après le drame du Heysel en 1985 et de Sheffield en 1989.

 

À nous la victoire

Sortie : 1981 – Durée : 1h56

 

photo, Michael Caine, Sylvester StalloneExpendaball

 

Le concept ? Rocky rencontre Pelé et Michael Caine et vont ensemble affronter des nazis lors d’un match de football.

Pourquoi est-il si improbable ? À plusieurs reprises, l’Histoire a rencontré le football. Par exemple, à la Coupe du Monde 1974, l’Allemagne de l’Ouest et l’Allemagne de l’Est se sont rencontrées pour se livrer une bataille sportive et politique. Dans le cadre fictionnel d’À nous la victoire, le sport à 11 contre 11 se confronte à la Seconde Guerre mondiale. La première partie se déroule dans le camp Gensdorf en 1943 où notre équipe de football de prisonniers va se former.

Par l’intermédiaire d’un ancien joueur du club West-Ham incarné par Michael Caine, mais également grâce au Major Karl Von Steiner interprété par l’acteur suédois Max von Sydow, un match entre ces prisonniers et l’équipe d’Allemagne est organisé. Souhaitant optimiser ce match, la propagande nazie souhaite capitaliser sur cette rencontre pour conforter sa domination aux yeux du monde.

 

photo, Sylvester StalloneRambo : last ball

 

Inspiré d’une histoire vraie, le long-métrage a pour principal intérêt la présence de nombreuses stars du ballon rond en son sein. En tête de liste, vous avez le grand Pelé, plutôt bon acteur au demeurant, mais aussi pour les connaisseurs, Bobby Moore (le capitaine de l’équipe d’Angleterre victorieuse du mondial 1966), Osvaldo Ardiles (Argentin, ancien joueur de Tottenham et du Paris-Saint-Germain), puis Paul Van Himst et Kazimierz Deyna.

Et Rocky dans tout ça ? Eh bien, Sylvester Stallone s’essaie ici au foot et n’est étonnamment pas très bon. Ce dernier préfère se libérer du camp, mais se trouve obligé de participer à ce fameux match et ainsi rendre la liberté à ses coéquipiers. Malgré son faible rendement pour le football avec les pieds, le poste de gardien lui a été décerné et c’est Gordon Banks, le grand gardien anglais des années 60, qui se chargea d’entraîner l’acteur pendant le tournage.

Enfin, autant le dire, John Huston (Le Faucon MaltaisLes Désaxés) n’a pas été le plus inspiré pour ce film de commande et n’a jamais exprimé une grande passion pour le football. Avec l’aide de Pelé en conseiller particulier, la mise en scène du match reste assez agréable à suivre, malgré l’esprit un peu daté des phases offensives.

 

Shaolin Soccer

Sortie : 2002 – Durée : 1h53

 

photo, Chan Kwok KwanTrouvez la ref de la tenue (et de la coupe de cheveux)

 

Le concept ? Un mélange de kung-fu et de football, Shaolin Soccer met en scène l’équipe de Sing. Objectif : gagner le championnat contre la Team Evil.

Pourquoi est-il aussi taré ? Voir des shaolins faire des figures de kung-fu sur un terrain de football rend le visionnage de Shaolin Soccer inoubliable. Le long-métrage réalisé par Stephen Chow est un plaisir comme il est rare d’en trouver. En effet, le réalisateur de Crazy Kung-Fu est au meilleur de sa forme avec sa merveilleuse parodie du football. Défiant à de nombreuses reprises les lois de la gravité, Shaolin Soccer est rythmé par l’outrance des séquences de matches, qui donnent l’occasion de voir un fourre-tout des techniques les plus farfelues.

 

photoLa meilleure équipe du monde

 

La logique et la physique ne sont pas à l’ordre du jour, mais le film n’échappe pas à quelques moments de poésie, en partie grâce à la prestation complexe de Wei Zhao, en amoureuse timide du héros, incarné par Stephen Chow, lui-même. En plus de cela, le film dresse un portrait cinglant des inégalités sociales à Hong Kong où le chacun pour soi semble rythmer la vie de ces personnages.

Très potache, l’humour du film vise principalement à ne pas prendre au sérieux le football et à maintenir une cadence endiablée grâce à des gags saugrenus. Malgré l’omniprésence des effets spéciaux qui font perdre l’authenticité des gestes spectaculaires, Shaolin Soccer est un excellent divertissement bien régressif qu’il faut consommer accompagné d’une bière fraîche et d’une bonne pizza. Si certains fans des vidéo-clubs se souviennent de son versant Shaolin Basket, Shaolin Soccer reste unique en son genre.

 

Looking for Eric

Sortie : 2009 – Durée : 1h59

 

photo, Eric Cantona, Steve EvetsMais, ça marche aussi avec Brad Pitt ?

 

Le concept ? Un postier de Manchester traverse une mauvaise passe. Un soir, il s’adresse à son idole qui, du poster sur le mur de sa chambre, semble l’observer d’un œil malicieux.

Pourquoi est-il touchant? Tout le monde a certainement espéré rencontrer sa star préférée. Dans Looking for Eric, Eric Bishop (Steve Evets) va vivre ce rêve en voyant débarquer chez lui Eric Cantona. Le joueur emblématique de Manchester United va devenir “l’entraîneur” de ce postier de Manchester plutôt malheureux. En effet, ses deux fils ne sont pas les derniers pour faire des petits trafics et sa fille lui reproche de ne pas être à la hauteur. Une belle vie en somme, combinée à une vie sexuelle inexistante. Et c’est grâce au football, à ses copains et surtout à Eric Cantona qu’Eric Bishop redressera la barre et mettra de l’ordre dans sa vie.

 

photo, Eric Cantona, Steve Evets20 euros sur Vinted

 

Le cinéaste anglais Ken Loach est connu pour être un passionné de football et a notamment fait le portrait fictionnel dans My Name Is Joe, de l’entraîneur d’un club de seconde zone à Glasgow. Ici, le réalisateur des palmes d’or Le vent se lève et Moi, Daniel Blake exécute une véritable ode à l’encontre du grand joueur français. Chaque apparition de Cantona nous subjugue, sans oublier son verbe si singulier.

En effet, l’ancien joueur au col relevé nous apprend qu’il n’est pas un homme, mais Eric Cantona. Ces aphorismes sont également appréciables quand elles sont accompagnées d’extraits télévisés de ses exploits que glisse intelligemment Ken Loach au montage de son film. Derrière cet hommage dessiné au grand joueur de football, Ken Loach offre encore une fois un magnifique portrait du milieu populaire britannique, dont le football est une des principales occupations. En fin de compte, jamais les supporters d’un club de football n’auront été aussi touchants.

 

Et en bonus : Zidane, un portrait du XXIe siècle

Sortie : 2006 – Durée : 1h30

 

photo, Zinedine Zidane“Ecran Large, c’est bien.”

 

Le concept ? L’impression d’être Zinedine Zidane sur le terrain avec 17 caméras placées tout autour du stade à l’occasion d’un match opposant le Real Madrid au Villarreal, en avril 2005.

Pourquoi est-il génial ? Beaucoup auraient adoré être dans la tête de Zidane lorsque celui-ci était le meilleur joueur du monde. Mais avant tout, Zinedine Yazid Zidane est d’abord un visage reconnaissable. Entre son sourire amusé légendaire et son regard profond, le joueur phare de toute une génération était plus qu’un simple joueur.

Comparable à un réalisateur ou un acteur, Zinedine Zidane était un créateur de narration ultime, pouvant changer le cours d’un match à lui tout seul. Cette association entre le cinéma et le joueur semble un peu rapide et pourtant, les deux mondes ne sont pas si éloignés. Et avec Zidane, un portrait du XXIème siècle, les artistes Douglas Gordon et Philippe Parreno l’ont bien saisi en braquant 17 caméras haute définition sur la star durant un match complet.

 

Zidane, un portrait du XXIème siècle : photo, Zinedine ZidaneOn se lève tous pour Danette Zizou

 

Bien que le match face au club de Villarreal n’ait pas été très spectaculaire, c’est autre chose qui s’est joué ici : le temps. Parce que lorsque vous êtes footballeurs, vous devez parfois patienter, intervenir dans le jeu à quelques reprises seulement. Majoritairement, Zidane est attentif à ce qu’il se passe autour de lui et les caméras donnent à de très rares moments un aperçu de ce qu’il regarde.

L’intérêt est d’aller au-delà du spectaculaire, car ce sont les petits détails de la figure de Zidane qui font la différence. Sans voix off, seuls les images et le son ambiant guident le spectateur qui admire au plus près ce joueur mythique. En revanche, au lieu de voir se succéder des roulettes à foison, c’est un Zidane qui se montre seulement deux fois décisifs : une passe décisive pour Ronaldo, un carton rouge et puis s’en vont. À noter que les fans de Zidane apprécieront également les quelques notes d’interview du joueur, ajoutées sur l’écran pendant le match.

Coupe du monde 2022 : les cinq films de football à regarder entre deux matches