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Joyeux Noël, fidèles lecteurs d’Actu Rugby ! Je suppose que vous êtes tous en train de digérer un repas aussi lourd qu’un rugbyman en fin de soirée, je vais donc faire léger sur l’introduction.
On ne va pas se mentir, le ballon ovale vit une fin d’année difficile : feuilletons judiciaires qui n’en finissent pas, mauvais gestes sur et en dehors des terrains, Bananegate, Teddy Iribaren qui possède toujours une licence… les raisons d’avoir honte de notre passion se font de plus en plus nombreuses. C’est un peu comme si, à la grande table des sports, le rugby était devenu l’oncle raciste et alcoolique. Ou bien l’a t-il toujours été ?
Quoi qu’il en soit, nous avions tous besoin d’un peu de joie et de rire pour terminer 2022 sur une meilleure note. Et pour ça, quoi de mieux qu’une belle branlée du Racing 92 face au Stade Français ? Eh oui, samedi, c’était le derby francilien, le Pécressico qui, en l’honneur de la présidente de région et de son action en faveur des transports en commun, se disputait en retard, un 24 décembre.

Si vous aviez totalement oublié l’existence de ce match entre le 2e et le 3e du Top 14 (si si, sérieusement), et si vous avez halluciné en découvrant le résultat, voici votre séance de rattrapage avec des GIFs rigolos et des vannes gratuites sur Laurent Travers et son gros crâne luisant.

Le film du match
La rencontre se déroule à la Paris la Défense Arena, qui je le rappelle est une aberration. « Oui mais il fait chaud à l’intérieur » vous allez me dire. Mais on sait que d’ici 2025 il fera 25 degrés tous les hivers, alors franchement, à quoi bon ?
En tout cas, pas besoin de réchauffement climatique pour que le Stade Français ait chaud au cul en début de match. Les Racingmen sont en effet les premiers à s’illustrer avec une belle percée de Nolann le Garrec, ce joueur prometteur sur qui les médias et les observateurs en font des caisses. Finalement, c’est assez logique que le Vannetais soit une sorte d’équivalent rugbystique du drapeau breton : un truc qu’on aimerait bien apprécier mais qui finit par nous saouler tellement ça force avec.

L’action se conclut par le grand classique « Finn Russell tape une passe au pied qui ne s’imposait pas du tout », mais comme ça marche 1 fois sur 5 il continue quand même de le faire tous les matchs. La suite n’est toujours pas rassurante pour les Parisiens puisque Joris Segonds envoie sa première tentative de pénalité sur le poteau.
Heureusement, le demi d’ouverture des Roses aura l’occasion de se reprendre quelques secondes plus tard pour ouvrir le score. Finn Russell lui répond rapidement, et l’on assiste à un début de match plutôt ouvert et plaisant, avec des intentions de jeu de chaque côté. Ce qui est surprenant pour un derby, et réconfortant pour toutes les pauvres âmes qui ont passé leur vendredi soir devant Toulouse-Castres. Même Morgan Parra ne semble pas déterminé à ralentir le jeu parisien, qui avance à un rythme aussi assuré que sa calvitie. Segonds passe un nouveau coup de pied, cette fois de plus de 50 mètres. Yionelito Jr n’a même pas besoin de l’aide du vent, 3-6.

La réplique des Racingmen ne se fait pas attendre, avec une action au large et une belle passe sur un pas du n°8 Baudonne. Un geste qui mériterait presque qu’on lui attribue le surnom de Baudonne Barrett. Derrière, Imhoff accélère et tente un grand pont. Heureusement, le cuir file en ballon mort, car il est beaucoup trop tôt pour qu’on accepte de voir un Argentin en bleu et blanc briller sur une pelouse française.

On repart vite de l’autre côté du terrain, avec là aussi un joli geste initié par Romain Briatte, auteur d’une chistera. Quelque temps de jeu plus tard, ce même Briatte va inscrire le premier essai de partie après une série de pick and go. C’est l’occasion de mettre en valeur ce joueur, peut-être le meilleur troisième ligne du Top 14 que personne ne connaît. Le genre de travailleur de l’ombre qui s’épanouit sur Rugby + en jouant à Agen, Pau ou Brive, mais qui, par les hasards de l’existence s’est retrouvé dans la capitale déguisé en stabilo.

Segonds transforme, et ça fait 3-13 pour le Stade Français au bout de 20 minutes de jeu. On se dit alors « bon, c’est le Stade Français, c’est le moment où il va commencer à faire n’importe quoi et appuyer sur le bouton auto-destruction ». Et pourtant, rien ne se passe comme on pouvait l’attendre. Les Fraises Tagada humaines vont même creuser l’écart grâce à Segonds, qui cette fois passe une pénalité de pratiquement 60 mètres à droite des poteaux.

Si on ne peut plus compter sur les Parisiens pour réaliser leurs pétages de plombs habituels, il nous reste une valeur sûre, Finn Russell. On le sait, ce bon vieux Finn n’a pas besoin d’attendre Noël pour donner l’impression de jouer bourré et avec 8 kilos en trop. Sur une tentative de relance, le fantasquécossé ne voit pas le grand type de 2m habillé en rose fluo juste à côté de lui, et l’on assiste à l’interception la plus prévisible de tous les temps. Sekou Macalou file vers l’en-but et ne sera pas rattrapé par Spring. L’ailier du XV de France, aligné à un poste de troisième ligne qu’il connaît peu, nous démontre ici toute sa polyvalence.

3-23, ça commence à faire un beau petit écart. Même Finn Russell trouve qu’il a un peu abusé sur l’action précédente, et décide de se rattraper en tapant un beau 50-22, qui se retrouvera sans doute dans la compile des 10 plus beaux 50-22 de la saison. En même temps, il y en a eu que 8.

Sur la touche qui suit, on retrouve Russell qui nous fait encore le coup du jeu au pied offensif aléatoire, avec un petit par-dessus pour lui-même. Après un coup de billard et une maladresse de Macalou qui ne parvient pas à aplatir, c’est Le Garrec qui plonge sur le ballon pour inscrire un essai aussi laid que le maillot extérieur de son équipe.10-23 à la pause, les fans de Patrick Balkany ne s’en sortent pas si mal.

Tandis que les Racingmen rejoignent leur vestiaire luxueux et les Parisiens leur Placarena, on assiste à un étrange spectacle sur la pelouse, avec un match de gala opposant les mascottes du championnat. Sur le papier, l’idée est nulle. Sur le terrain, c’est encore pire. Le spectacle est tellement pitoyable qu’on suppose que c’est également Laurent Travers qui a coaché les peluches géantes.

Enfin, cette parodie de rugby cesse et laisse place au Top 14, qui en est aussi souvent une. Mais cet après-midi, on est plutôt bien servis, puisqu’Eric Bayle ne commente pas et que c’est lui qui semble abonné aux pires purges.
Au retour des vestiaires, on repart sur les mêmes bases, avec un Stade Français conquérant et dominateur sur les impacts. Les Jacky Boys sont très indisciplinés, et Segonds sanctionne avec une pénalité de 55 mètres, 10-26. Contre le Stade Français, la seule zone du terrain où tu peux te permettre de faire des fautes est donc les 22 adverses. Compliqué.

Les Bleu et Blanc sont désormais totalement dominés par leurs voisins de La République Indépendante des Rats. C’est encore plus flagrant en mêlée ou sur les ballons portés, ce qui semble confirmer que le Racing 92 est vraiment devenu un club de gros fragiles depuis le départ des Tameifuna, Masoe, Kruger et autres Le Roux (vous vous souvenez de Bernard le Roux ?).

Laurent Travers décide donc d’injecter un peu de sang neuf, avec la rentrée de Cameron Woki le petit fantôme de l’Arena, ou encore d’Henry Chavancy (vous vous souvenez d’Henry Chavancy ?). Mais la rentrée la plus signifiante, c’est celle de ma mascotte à moi, Teddy Iribaren, l’homme qui réussit à combiner le talent rugbystique d’Alexi Balès et l’intelligence de Thomas Lavanini. Mais les effets tardent à se faire ressentir. Les Roses continuent de se balader et donnent l’impression de jouer en mode easy. Même Morgan Parra se dit « allez j’ai de nouveau 25 ans, je vais jouer à l’aile ! » après un une-deux avec Clément Castets. Hélas, une maladresse vient avorter une bonne occasion d’essai.

Mais finalement, les Hidalgogo dancers n’ont même pas besoin de faire grand-chose de compliqué pour dominer les débats. La preuve avec Léo Barré, qui monte une grande quille. La défense du Racing 92 se troue, et l’arrière peut aller marquer en footing. 10-33 après la transfo.

Ça commence à piquer pour les banlieusards, qui se révoltent enfin et parviennent à avancer jusque dans les 22 mètres de leurs ennemis jurés. Servi au centre, Woki ignore totalement un 3 contre 1 et une situation d’essai imparable. Sans doute était-il en train de réfléchir à sa célébration, et la personne à qui il allait pouvoir adresser un gros chut. Peut-être à son agent, qui pour l’instant a réussi à signer le pire transfert de la saison.

La révolte est de courte durée et, après une nouvelle touche sur laquelle le Racing 92 se fait démonter, Yionelito envoie un nouveau missile, 10-36. Frustrés, les locaux ne trouvent pas de solution, et les esprits commencent à se chauffer. C’est dans ce genre de contexte qu’on sait qu’on peut compter sur notre Teddy national pour faire quelque chose de particulièrement stupide. Le demi de mêlée va donc coller un coup de tête à Habel-Kuffner dans un ruck. Malgré une retraite stratégique vitale, l’ancien Briviste se prend un bon gros de pression du n°8, qui veut lui faire savoir que ce n’est pas parce qu’il est coiffé comme Rihanna qu’il faut lui manquer de respect. Tout ça se termine par un carton jaune un peu gentil.

Déclencher une bagarre quand on se fait humilier, c’est une technique bien connue dans le rugby amateur. Malheureusement, cela ne suffira pas à abréger le calvaire de ceux qui ont bien peiné à s’inspirer de la puissance du port du Havre lors de leur match de Coupe d’Europe face au Leinster. Les hommes de Gonzalo Quesada insistent pour aller chercher la fracture d’amour-propre. Le jeu se déploie au large et c’est Lester Etien qui va marquer en renversant Juan Imhoff. Une action typiquement parisienne : on croirait voir un mec en trottinette électrique fonçant sur un malheureux piéton. 10-41.

Alors qu’on est tous prêts à dégainer le meme « Stop, he’s already dead ! », les Soldats Roses s’acharnent sur le cadavre alto-séquanais. On peut les comprendre, généralement c’est quand même eux qui se font plier dans les derbies, et il faut bien se faire plaisir après des années de brimades. Après une dernière interception, l’ancien joueur des Wasps Paolo Odogwu inscrit le 5e et dernier essai de la partie. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il s’agit d’un ailier anglais d’originaire nigériane et italienne. Bel effort, mais « Giovanni Habel-Kuffner le samoan-allemand né en Nouvelle-Zélande » reste au-dessus.

Score final, 10-48 en faveur du Stade Français Paris, qui se retrouve 2e du Top 14 à mi-saison, alors qu’on va être honnêtes, il y a encore un mois tout le monde les prenait pour des gros clowns. Alors évidemment, c’est le Stade Français, et c’est très probable qu’il commence à tout gâcher, par exemple dès la semaine prochaine en perdant à domicile contre Pau. Mais méfions-nous tout de même de ce petit outsider qui possède le 2e budget du Top 14 !
Pour le Racing 92, c’est une troisième défaite de suite, la deuxième sur un score très lourd après celle face au Leinster. Il y a de quoi être inquiet. Enfin surtout si vous en avez quelque chose à foutre de cette équipe. Personnellement, ça va.

Sur ce, je vous donne rendez-vous dans quelques jours pour un article best-of de l’année rugby 2022, avec plein de GIFs recyclés pour le bien de la planète (mais pas celui de votre bande passante). Pour patienter, vous pouvez déjà revoir celui de 2021 ici et là, et ainsi vous rappelez de trucs que vous aviez totalement oubliés, peut-être volontairement, comme le fait que Teddy Iribaren compte deux sélections avec le XV de France.
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Fraises Tagada, Iribaren… Ovale Masqué décape le Pécressico Racing 92-Stade Français